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L'Héritage et transmission: jongler entre deux cultures

Photo du rédacteur: NonoNono


Comme Hannah Montana, j’ai grandi entre 2 mondes. 2 cultures. La culture française et la culture congolaise. J’ai grandi avec l'héritage et les codes de mes parents, transmis depuis des générations. J’ai aussi grandi avec les codes et la cultures française. 

Une double appartenance, une double transmission culturelle compliquée à gérer plus jeune. 



Dans la culture de mes parents, le mot « je t’aime » ne se dit pas. Ma mère me cuisine mon plat préféré, mon père adore m’appeler pour savoir s’il peut me déposer quelque part, il m’achète mes fruits préférés, ma mère m’achète des pulls sans que je lui demande, et quand je suis malade, elle me fait son elixir magique (du gingembre, de l’ail et du miel). 

On avait MTV, MCM, Canal J et toutes les chaines sur les films. Bref, j’ai passé ma jeunesse devant la télé.

En regardant les films et séries françaises et américaines, je voyais les parents dirent je t’aime tout le temps. Ils le disaient si facilement, si naturellement. Je pensait que ce n’était pas normal de ne pas l’entendre. Que si mes parents ne me le disaient pas, c’est qu’ils ne m’aimaient pas. C’était evident. 


Pourtant. Pourtant, ma mère me cuisine mon plat préféré ponctué par un « est-ce que tu as déjà mangé? », mon père m’achète mes fruits préférés et me conduit n’importe où, ma mère m’achète des pulls sans que je lui demande, et quand je suis malade, elle me fait son elixir magique (du gingembre, de l’ail et du miel). Mon père nous achetait des mangues, melons, noix de coco et préparait les fruits pour nous, il était aussi dur avec nous sur les devoirs et nos études. Il suffisait qu’on dise à ma mère qu’on adorait un snack pour qu’elle nous en remplisse le placard pour au moins 5 générations. 

Et ils ont travaillé dur, très dur pour nous offrir une vie meilleure et nous mettre à l’abri. En quittant les gens qui aiment pour construire ici un avenir pour leurs enfants. 

Leur amour s’exprimait aussi en sacrifiant beaucoup pour nous. Ils ont travaillé dur pour nous mettre à l’abri. Ils sont tout quitté pour nous offrir une qualité de vie meilleure.



Mes parents portent en eux une identité, une culture millénaire partagée depuis des générations. Une culture qui comprend les langues, les rites et coutumiers, la cuisine, la transmission orale sur le(s) histoire(s) de famille, sur l’arbre généalogique, la religion, sur l’histoire du pays etc

A l’age de 10 ans, j’en savais plus sur la géopolitique en RDC que n’importe quel étudiant de 1ere année de science politique. 

Il y avait aussi les autres règles comme le respect des ainés ou la réussite scolaire. 

J’ai dû apprendre, avec mes parents à jongler entre leur culture et la culture française. S’adapter à certaines choses, négocier pour ne pas en pratiquer certaines, et inclure de nouvelles valeurs dans notre éducation. 

Mais il y avait aussi des défis. Il y a aussi le poids de la réussite, justifier des sacrifices, appliquer des traditions que je ne comprenais pas et que je n’avais pas envie d’appliquer. Je me sentais coupable de ne pas être autant portée sur la culture congolaise, de remettre en question leurs traditions. Et comme tu le penses, oui, il ya avait beaucoup de disputes. 


Puis la plus grande compositrice française de ma génération Wallen a sorti « Olivier ». Elle a écrit:

« Si je ne sais d’où je viens, je ne sais où je vais ».

J’ai enfin compris pourquoi mes parents insistaient sur certaines traditions, d’où ils venaient et quelle était mon rôle.

Ils avaient quitté leur pays pour nous donner un avenir meilleur et ont dû reconstruire de nouvelles racines ici en France. Planter un nouveau baobab ici avec de racines multiples, arrosé par la culture et traditions française et congolaise.

Nous sommes le trait d’union entre le passé et le futur. Une continuité entre leur culture et une culture que je dois m’inventer. Et pour me construire, je devais accepter cette dualité.

Et j’ai aussi quitté la France, le pays où je suis née et grandit pour le Japon. J’ai compris les défis que mes parents ont affronté, le choc culturel, comment garder ses traditions dans un pays si différent et accueillir celle du pays dans lequel on réside, la barrière de la langue et la distance avec les proches. Par exemple, Noël n’a pas la même signification au Japon qu’en France et le fêter comme chez moi était un défi. 

Je rêvais d’avoir des parents comme dans les films. Mais j’ai eu mieux.

J’ai eu des parents qui nous ont donné le meilleur, grâce à eux nous pouvons naviguer et s’adapter partout. Nous sommes plus ouverts au monde et curieux. Et on jongle parfaitement entre les traditions congolaises et françaises. 


Mes parents ne me m’ont jamais dit je t’aime. Mais ils me l’ont exprimés d’une autre manière et mon seul regret c’est d’avoir compris bien tard leur langage amoureux. Je leur apprends maintenant à le vocaliser et je souris à chaque fois que mon père nous dit qu’il nous aime. 

Prendre cet héritage et forger ma propre identité pour que je puisse moi aussi planter un olivier ou un baobab dans mon jardin, transmettre à mes futurs enfants encore plus de richesses et d’amour et inventer mes propres traditions. 



Ce voyage identitaire est propre à chaque enfant d’immigrés, mais il résonne chez beaucoup d’entre nous. Comprendre l’amour de nos parents, c’est aussi apprendre à se comprendre soi-même. Et au final, c’est peut-être cela, la plus belle transmission : un amour qui, malgré les différences culturelles, transcende les mots et les frontières.

Comprendre d’où viennent mes parents, pourquoi ils ont agi comme cela a été mon plus grand défi. Comprendre l’amour qu’ils nous portent, leurs héritage pour pouvoir devenir la femme que je suis aujourd’hui. 


Finalement c'est Hannah Montana qui avait raison. Si on mixe le tout, on obtient le meilleur des deux mondes.


Allez il est temps d’aller arroser leur baobab et de trouver mon jardin. 


xoxo

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